Troisième cause de mortalité après les maladies cardiovasculaires et les cancers, l'AVC implique de lourdes conséquences pour tous les aspects de la vie quotidienne. C'est notamment le couple qui peut s'en trouver fragilisé et toute la vie intime qui doit se reconstruire. Retrouver des rapports sexuels sains après un AVC ? C'est possible ! Au-delà des aides médicales, il est notamment question d'écoute de soi et de l'autre. Un domaine encore très peu étudié et qui méritera à l'avenir davantage de recherches.
Malgré une diminution de la mortalité observée ces dernières années, avec l'AVC (accident vasculaire cérébral ou attaque cérébrale) ce sont environ 500 000 nouveaux cas chaque année aux États-Unis et en Europe. Plus précisément, il s'agit d'un brusque arrêt de l'irrigation sanguine dans le cerveau, ce qui peut conduire à des lésions irréversibles. Le problème ici, c'est que l'érection dépend majoritairement du bon fonctionnement de certaines zones cérébrales spécifiques. L'AVC peut dès lors avoir des conséquences néfastes sur la vie sexuelle, au même titre que certaines maladies neurologiques telles que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques. Des conséquences tant physiques que psychologiques qui peuvent se résoudre en quelques semaines ou s'aggraver avec le temps.
Les rares études tournées vers le lien entre AVC et rapports sexuels ont mis en évidence l'apparition de troubles de l'érection dans 20 à 74 % des cas ainsi qu'une baisse de la libido chez 26 à 79 % des patients. En cause ? Des facteurs physiques et psychologiques difficiles à surmonter à la fois pour le patient et pour le partenaire et qui peuvent se révéler très divers.
Un peu plus tôt cette année, une Londonienne de 44 ans était transportée à l'hôpital après avoir fait un malaise lors d'un rapport sexuel. Il s'est avéré par la suite qu'elle venait de faire une hémorragie cérébrale causée par un anévrisme. Car oui, l'activité sexuelle augmente à la fois la pression artérielle et le rythme cardiaque ce qui peut avoir de lourdes conséquences pour les personnes présentant des pathologies cardiovasculaires. Des cas qui ne touchent d'ailleurs pas uniquement les personnes les plus âgées, 15 % des AVC concernant des patients de moins de 64 ans. À envisager avec prudence donc, encadré d'un suivi médical pour les personnes les plus fragiles. La patiente Londonienne, elle, a pu regagner son domicile sans séquelles 2 semaines plus tard.
Pas d'inquiétude, les patients sexuellement actifs avant l'AVC seront généralement en mesure de retrouver une vie sexuelle épanouie. Un processus certes long parfois, et qui nécessite un suivi médical autant qu'un accompagnement au sein du couple.
On évitera généralement la prescription d'inhibiteurs de la PDE5 pour traiter la dysfonction érectile, ceux-ci étant largement déconseillés après un AVC. De la même façon, les antidépresseurs et les médicaments contre l'hypertension pourront soulager les symptômes post-AVC mais compliquer le bon déroulement de l'activité sexuelle (diminution du désir, impuissance...). Un bilan complet aidera à déterminer les causes des troubles sexuels présents tout en tenant compte de l'activité passée, ce qui permettra d'opter pour le traitement adapté.
Le comportement du ou de la partenaire sera également essentiel à toute amélioration. Sans jouer le rôle d'un soignant, il s'agira de s'écouter et de communiquer pour ne pas s'enliser dans un quotidien régressif, incompatible avec la reprise d'une vie sexuelle. Mettre en place un environnement sensuel, ne pas mettre de côté sa relation de couple, provoquer les occasions seront autant de façons de retourner à une vie normale après un AVC. De se projeter à nouveau dans l'avenir en surmontant une étape difficile de la vie.